Découverte des Tuileries troisième étape :...A travers les tumultes de la Révolution...

...Reprenons notre promenade découverte dans le jardin des Tuileries. Empruntons les escaliers au bout de la terrasse , afin d'être au même niveau que la rue. Promenade ombragée. elle est l'oeuvre d'André Le Nôtre. 
Imaginons qu'avant la percée de la rue, que nous longeons, cette terrasse était bordée de couvents et d'hôtels particuliers...



Quel est le nom de la terrasse où nous trouvons? (pour t'aider répond à la charade suivante)
Mon premier pousse sur les arbres au printemps :...
Mon deuxième compte 365 jours :...
Mon tout était le nom d'un couvent, puis celui d'un club révolutionnaire dont les membres se réunissaient parfois en ce lieu :...

Longue d'environ 500 mètres, la terrasse s'étend  du Jeu de Paume jusqu'aux abords du Louvre. Elle porte le nom de l'ordre cistercien réformé des Feuillants,  dont le monastère parisien fut fondé en 1587 par Henri III. Installé faubourg Saint-Honoré à deux pas, dissous en 1791, il cède sa place à un club révolutionnaire formé de modérés du club des Jacobins, on retrouve dans ses rangs : Antoine Barnave, La Fayette, Le Chapelier, François de La Rochefoucault-Liancourt. Ils sont les défenseurs de la Constitution de 1791 et se refusent à amoindrir le pouvoir du Roi. malgré la perte de confiance en celui-ci après la fuite de Varennes. Le 10 août 1792, lors de l'arrestation du Roi, 841 membres du club sont arrêtés et jugés pour trahison, le club disparaît dans la tourmente...

Je suis un plat très prisé en Extrême-Orient, qui suis-je?...
Je suis le petit de la vache, qui suis-je?...
Tu t'allonges sur moi pour dormir, qui suis-je?...
Mon tout est le nom de la rue qui longe le jardin :...

Cette voie s'étend, sur près de 3 km,, du Marais à la place de la Concorde. Elle est bordée d'arcades sur son côté nord, ce qui correspond à la partie percée sous le Premier Empire. Initialement, dénommée rue Impériale, elle porte le nom d'une ville italienne, Rivoli, siège d'une victoire, sur les Autrichiens,  remportée par le général Bonaparte, les 14 et 15 janvier 1797. Son percement fut décidée en vertu d'un arrêté du 17 vendémiaire, an X (9 octobre 1801), selon le projet des architectes Percier et Fontaine. La partie orientale a été rajoutée lors des travaux d'Haussmann, sous le Second Empire, afin de la connecter à la rue Saint-Antoine, qui débute place de la Bastille. 

Continuons jusqu'à l'entrée nord du jardin, appelé l'entrée du Manège. 

A ton avis pourquoi ce nom?...

Si chaque été, de juin à fin août, une fête foraine s'installe dans le jardin pas très loin, son nom est du au vaste manège, construit en 1720, pour Louis XV encore enfant. Il est abandonné, par la suite, à un écuyer du Roi, François Robichon de la Guérinière, qui y exploite une académie équestre de renom. Le manège, qui longeait le jardin et dont l'entrée se trouvait à l'intersection de la rue de Castiglione et de la rue de Rivoli, a été détruit lors de la percée de cette dernière. Après avoir vu évoluer des cavaliers, ce bâtiment avant de disparaître a eu une autre destinée...

Pour la connaître, sortons quelques instants du jardin, et longeons le en direction de l'est.

Arrête toi, à la hauteur de l'entrée de l'hôtel Meurice, situé de l'autre côté de la rue,  en te retournant que vois tu?...


Propriété privée de la Couronne de France, c'est à ce titre que le Manège est récupéré et devient le siège de l'Assemblée Nationale d'octobre 1789 à mai 1793. Sur la grille du jardin, à l'emplacement du fauteuil du président de l'Assemblée, une plaque commémorative  rappelle tous les grands événements qui se déroulèrent en ce lieu.

Du fait de l'abolition des biens du clergé, l'Assemblée Nationale, en s'installant au Manège, s'étend sur les deux couvents qui jouxtent : celui des Capucins et celui des Feuillants. Le bâtiment du Manège n'est pas de taille à recevoir des services qui accompagnent l'Assemblée Nationale. Les bâtiments conventuels sont utilisés pour les recevoir, les archives sont installées dans la belle bibliothèque du couvent des Feuillants, le trésor des dons patriotiques dans le logement du prédicateur, l'imprimerie dans le réfectoire des Capucins... Pour relier les bureaux à la salle de l'Assemblée Nationale, est dressé, dans le jardin des Feuillants, un passage en planche et couvert de coutil rayé. Mais, les conditions de travail restent très inconfortables : entassement des députés, acoustique épouvantable, hivers glacials, étés étouffants...Très friand de débats politiques, le public s'installe aux deux extrémités de la salle ou encore dans les loges, comme au théâtre. Bruyant et souvent exalté, il fait pression en permanence sur les députés. Il ne faut pas très longtemps pour qu'un pamphlet circule : "Les Chevaux au manège", où les députés influents se trouvent jugés avec autant de concision qu'impartialité, à l'aide de noms de chevaux, dont Mirabeau, qui se voit attribué du surnom : le pétulent...A milieu des longs côtés, le bureau du président fait face à la tribune où s'expriment les orateurs. Les députés siègent de part et d'autre de ces deux structures sur des bancs. Les députés conservateurs sont à droite du bureau du président et les députés les plus favorables à la Révolution à sa gauche. Sous la Convention, à partir d'octobre 1792, la répartition est moins évidente. "les Montagnards" (Danton, Robespierre, Marat...) choisissent les bancs les plus élevés à droite du président, les "Girondins"(Condorcet, Brissot, Roland...) se placent à gauche, les députés constituant "le Marais" (Sieyès, Cambacérès, Couthon...)  occupent les rangs inférieurs, entre les deux autres groupes. C'est dans ce lieu que le 21 octobre 1790, le drapeau tricolore remplace le drapeau blanc de la royauté. Lors de la prise des Tuileries, le 10 août 1792, la famille royale, se réfugie au Manège, mais, constitutionnellement, il est interdit au Roi de pénétrer dans l'enceinte de l'Assemblée Nationale, c'est dans la loge du logographe, derrière la tribune du président, que la famille royale s'installe. Le 21 septembre 1792, c'est l'abolition de la royauté qui est proclamée suivie le lendemain par la proclamation de la République. Par décret, il est établi que tous les actes sont dorénavant datés à partir de l'an I de la République. A partir du 11 décembre 1792, débute le procès de Louis XVI et le 17 janvier 1793, la mort du Roi est voté par la Convention. A partir du 9 mai 1793, la Convention siège aux Tuileries, pour des raisons pratiques, mais surtout pour mieux marquer, par son installation dans l'ancien palais royal, la plénitude de son pouvoir. Sous le Directoire, de 1796 à 1799, l'Assemblée Nationale sous le nom du Conseil des Cinq-Cents se réinstalle au Manège. La salle est démolie en 1802.

Laissons le tumulte des débats, l'animation due aux va-et-vient incessants des députés entre la salle et leurs clubs respectifs, l'agitation du public qui n'hésite pas à les  apostropher bruyamment, voire invectiver contre la mollesse de certains députés...

Retournons sur nos pas, avant de rentrer dans le jardin, orientons notre regard dans le prolongement de la rue de Castiglione.

Que vois-tu, comme type de monument? (Actuellement il en rénovation mais sa silhouette est représentée sur son "emballage")
une fontaine                                       une colonne                                             un arc de triomphe

Bonus
Je peux souffler plus ou moins fort, je porte plusieurs noms (sirocco, mistral...) qui suis-je?...
Je coiffe parfois des monuments (Invalides, Panthéon...), je suis  plus grand qu'une coupole, qui suis-je,...
Alors as-tu trouvé le nom de ce monument, qui est érigé sur la place qui porte le même nom?...

 Napoléon, voulant commémorer la victoire d'Austerlitz, fait ériger une colonne en 1810. Au fil des années, elle reçoit les noms de Colonne d'Austerlitz, puis Colonne de la Victoire, avant de devenir Colonne de la Grande Armée, puis enfin Colonne Vendôme. Elle remplace la statue équestre de Louis XIV, qui couronnait la place dessinée par Jules Hardoin-Mansart et qui fut détruite par les révolutionnaires. A l'origine, la colonne est ceinte d'une statue de l'Empereur, qui est enlevée en 1814, lors de l'occupation de Paris par les troupes alliés, et remplacée par un drapeau fleurdelisé pendant la Restauration. La statue est fondue en 1818 pour réaliser la statue équestre de Henri IV sur le Pont Neuf (cf promenade découverte troisième étape : de la Conciergerie au square du Vert Galant). Une nouvelle statue retrouve sa place à l'initiative de Napoléon III. Lors de l'insurrection de la Commune de Paris, sous l'impulsion de Gustave Courbet, la Colonne est déboulonnée le 16 mai 1871. En 1873, une nouvelle Colonne est érigée à l'initiative du nouveau Président de la République, le maréchal Mac-Mahon,  au frais de Gustave Courbet pour la somme de 323 000 francs. Ce dernier obtient de payer près de 10 000 francs par an pendant 33 ans, mais il meurt avant d'avoir payé la première traite...

Emprunte l'escalier pour redescendre vers le jardin. Combien de marches as-tu descendu?

C'est par cet escalier de quatorze marches que la famille Royale, aidée par les Girondins Brissot et Vergniaud, fuit les insurgés qui viennent d'investir le Palais des Tuileries et qui sont en train de massacrer les Gardes Suisses en cette journée mémorable du 10 août 1792.

Maintenant nous traversons le Grand Couvert, zone boisée du jardin. Les 2670 arbres, répartis en 16 bosquets autour de l'allée centrale, sont surtout des marronniers, des érables, des charmes, des tilleuls, des platanes, mais également quelques essences rares, notamment des mûriers rappelant ceux qui furent cultivés sous Henri IV. Situés en plein coeur de Paris, ils participent intensément à la respiration de la capitale. C'est dans cette partie, que se concentrent la plupart des activités pour enfants, mais également des cafés et restaurants, héritiers des buvettes d'antan.

 

Rejoingnons la Terrasse du Bord de l'Eau. Construite, comme ses consoeurs, par A. Le Nôtre, elle constitue, tout le long du quai des Tuileries, une charmante promenade dominant la Seine.Nous pouvons apercevoir légèrement sur la gauche, la masse imposante de la gare d'Orsay, transformée en musée en 1986 et qui renferme la plus belle collection d'oeuvres impressionnistes au monde, ainsi que des sculptures de la fin du XIXème et début du XXème siècle. En laissant glisser notre regard dans le sens du courant de la Seine, nous découvrons, le pont de la Concorde qui  relie la rive gauche à la rive droite à la hauteur de l'Assemblée Nationale. Débuté en 1787 pour remplacer le bac, qui assurait la traversée à cet endroit, il est achevé en 1791. Pour sa construction, en pleine tourmente révolutionnaire, sont utilisées les pierres de taille provenant de la démolition de la Bastille, prise d'assaut le 14 juillet 1789. Enfin, en fond de décor, la silhouette élancée de la Tour Eiffel attire notre regard...

Redescendons et continuons notre promenade en direction du Grand Carré.

En chemin, Cherche "l'Arbre des Voyelles" de Penone Guiseppe"?

Au milieu de la végétation qui pousse librement autour de lui, nous découvrons le moulage en bronze de l'arbre déraciné de Guiseppe Penone installé à cet endroit, juste avant la tempête de 1999!... Il s'inscrit parfaitement dans le paysage. I change au gré des saisons soulignant l'ambiguïté entre artifice et nature. De loin on ne pourrait ne pas l'identifier tant l'arbre se confond avec la végétation. Par contre, il s'oppose ironiquement à la perfection classique des parterres que nous découvrons au loin... Quel jardinier laisserait un arbre mort au beau milieu d'un jardin à la française?...Pourquoi l'arbre des voyelles? Y-a-t-il un lien avec le poème d'A. Rimbaud ou la sculpture cubique de J. Lipchitz "le chant des voyelles"? la harpe de J. Lipchitz n'a, selon l'auteur, aucun rapport avec le poème mais avec une légende de l'Egypte ancienne selon laquelle existe une prière, le chant des voyelles, pour appeler, voire exorciser les forces de la nature....

Laissons le Grand Couvert derrière nous, retrouvons à travers le Grand Carré la splendeur de l'ancien jardin privé des Rois. Dessiné par A. Le Nôtre, il constituait le premier plan, qui s'étalait devant le Palais des Tuileries.  Profondément modifié au XIXème siècle, par l'ajout d'arbres remarquables dont certains subsistent jusqu'à nos jours, le Grand Carré devient le jardin réservé des souverains. Avec ses grandes pelouses vertes et ses fleurs multicolores, c'est le véritable jardin des Tuileries. C'est ici que se côtoient le jeune enfant faisant voguer son bateau à voile sur le bassin, l'employé d'une entreprise venu déguster son déjeuner au soleil et au calme, les amoureux... et le flot de touristes montant à l'assaut du Louvre.

Gagnons maintenant le deuxième grand bassin des Tuileries. Comme l'ensemble des bassins du jardin, il est alimenté par le canal de l'Ourq. L'eau n'est plus rejetée dans les égouts elle est recyclée et traitée. 

 Contournons le bassin et arrêtons nous au milieu de l'allée filant vers le nord.

Quel animal enlève la jeune femme du groupe sculpté de gauche?
Un lion                                              un taureau                                             un centaure 

Nous nous trouvons devant l'oeuvre en marbre de Laurent Honoré Marqueste (1848-1920), sculpteur toulousain, représentant le centaure Nessus enlevant Déjanire.

Jetons un dernier coup d'oeil au grand bassin. Devant le calme reposant du jet d'eau, imaginons flottant sur ce bassin, toutes les représentations des vices : l'égoïsme, la discorde, l'ambition...Au milieu, une pyramide en bois à laquelle Robespierre met le feu, dans le but de faire émerger la sagesse. Ecoutons le discours de l'Incorruptible sur les vertus de l'Etre Suprême, au pied du char de l'agriculture et de la culture, peint tout en rouge et transportant une représentation de la Liberté, une charrue, une presse à imprimer, des produits agricoles...Laissons retentir les voix de plus de 2000 choristes accompagnés de 1000 musiciens... nous sommes le 20 prairial an II (8 juin 1794), c'est la première fête de l'Etre suprême mise en scène par le peintre David. Le cortège se dirige maintenant vers le champs de Mars, afin de célébrer son adhésion à la Révolution...

Avant de quitter le jardin remarque les vases qui encadrent l'entrée est du jardin.

Mon premier est un mois de l'année en 3 lettres...

Mon deuxième est le premier nombre à 2 chiffres...

Mon troisième se situe entre 5 et 7...

Mon tout est le nom d'une grande famille florentine, qui a beaucoup aimé les Arts et donné deux Reines à la France...

Les vases ont la forme d'un calice. Ils ont inspiré les sculpteurs des XVIIème et XVIIIème siècle, leurs anses s'ornent parfois de têtes d'animaux; ici ce sont des béliers. Le premier vase de ce genre apparaît en 1598 dans l'inventaire de la villa Médicis à Rome, d'où son nom de Vase Médicis. Avec le Vase Borghèse, qui lui ressemble beaucoup à l'exception du thème iconographique, le Vase Médicis est l'un des vases antiques les plus admirés et recopiés de l'époque moderne.

Nous sommes au terme de notre promenade découverte du Jardin des Tuileries. Vous pouvez selon le temps qu'il vous reste, soit prolonger par une visite du musée du Louvre, soit découvrir les grandes enseignes du Carrousel, que Marie-Antoinette aurait sûrement appréciée, et y faire des achats.

Je vous invite dans quelques jours à une nouvelle promenade découverte.

Les Merlettes