Rallye-promenade à travers Paris

Ce blog propose un moyen original de visiter Paris pour les petits comme pour les grands. A partir de fiche-découverte, chacun répond aux questions, qui jalonnent chaque parcours. Comment? tout simplement en observant attentivement son environnement, tout en découvrant ou redécouvrant la capitale à travers son histoire, son architecture... Pour mettre du pigment à ce parcours vous pouvez mettre 5 points à chaque bonne réponse et si vous répondez au bonus vous doublez votre gain. Ainsi, au début de chaque parcours vous pouvez vous donner un objectif à atteindre en fonction des connaissances que vous pensez avoir sur le sujet.

mardi 15 septembre 2015

La Commune de Paris à Montmartre : de la place Blanche à la place du Tertre....

FBF-21/07/2015
Le Montmartre bucolique entre vignes et ateliers de peintres, visité par des milliers de touristes chaque année, cède sa place aujourd'hui au Montmartre frondeur, qui s'inscrit en lettres de sang dans l'Histoire de Paris. C'est ici que tout commence, dans la nuit du 18 mars 1871, et c'est ici que tout se termine le 28 mai 1871 après une "Semaine Sanglante"... Si beaucoup de hauts lieux de la Commune ont maintenant disparu, essayons d'en revivre les moments les plus émouvants... Nous croiserons peut-être Louise Michel se hâtant de rejoindre le corps d'ambulancières qu'elle vient de créer, le chanteur-poète Jean Baptiste Clément quittant l'un de ses ateliers de fabrications de munitions...



Nous voici aujourd'hui place Blanche, observons bien cette place!

Elle a la forme d'un demi cercle ouvert sur le boulevard de Clichy. Elle est, en effet, tracée sur l'ancienne barrière ou octroi de l'enceinte des Fermiers Généraux, qui jusqu'en 1789 était couronné d'un des somptueux pavillons, conçu par Ledoux.

Dans la nuit du 11 au 12 juillet 1789, comme un prélude à la Révolution, il fut pris d'assaut et incendié par les ouvriers des carrières et les exploitants mécontents d'avoir à payer des taxes pour qu'entrent dans Paris les marchandises transportées par les charrois. L'octroi fut malgré tout maintenu jusqu'en 1860, date de rattachement de Montmartre à Paris.


FBF-21/07/2015

A ton avis pourquoi ce nom? En hommage à :

  • Une des insurgées de la Commune du nom de Blanche;
  • La poussière blanche tombée des charrois transportant le gypse et la farine;
  • L'ancien bal dit de la Reine Blanche.
Bonus
Quelle est la couleur du moulin qui domine la place?




Cette place est depuis toujours au coeur de la chanson française : Frehel, dans le refrain de la chanson "où est il donc?" qu'elle interprète dans Pépé le Moko :
"...où est il mon moulin d'la place Blanche? mon tabac et mon bistrot du coin?..."
Régine, dans la chanson "La grande Zoa" :
"...Dans la Rolls blanche, elle s'en va Place Blanche, dans les nights club ou dans les pubs..."
Enfin Jacques Dutronc, dans "Il est cinq heures Paris s'éveille" :
"...je suis le dauphin de la Place Dauphine, et la Place Banche a mauvaise mine...".
Pendant longtemps le paysage environnant se couvrait de fine poussière blanche, que laissaient voler les convois chargé de gypse ou de farine descendus de la Butte, raison pour laquelle, après avoir porté le nom de place de la barrière blanche, elle porte ce nom. Elle est étroitement liée à l'histoire de Montmartre, qui a depuis longtemps comblé ses carrières et arrêté les ailes de ses moulins. 
Celui, qui se dresse devant nous aujourd'hui, n'a jamais eu à moudre ni pierre, ni farine..., depuis plus de 120 ans le Moulin Rouge déploie ses ailes dans le ciel de ce Montmartre de la fête et de la frivolité. 
Le plus célèbre cabaret du monde a ouvert ses portes le 6 octobre 1889... Une foule bigarrée se presse à son inauguration : Aristocrates en quête de sensations et voyous à casquette se côtoient dans une joyeuse complicité, équipages des beaux quartiers et petites gens de Paris s'amusent ensemble dans l'euphorie la plus totale, comme pour oublier les moments sanglants qui hantent encore cette place...
FBF-21/07/2015


Revenons quelques instant sur ces événements tragiques, dont la place fut le théâtre au cours de "la semaine sanglante" qui se déroulent du 21 au 28 mai 1871.

Depuis le 13 mai, une centaine de femmes contrôlent la barricade dressée sur cette place  pour verrouiller la rue Lepic. On y voit : Elisabeth Dmitrieff, féministe russe envoyée par Karl Marx, accompagnée de Nathalie Le Mel, ouvrière relieuse, toutes deux fondatrices de "l'union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés; Louise Michel, l'image emblématique de la Commune; ainsi qu'une certaine Blanche Lebfèvre, blanchisseuse de son état au lavoir des Batignolles, qui, selon les témoins, passe sur la barricade comme un ange de la révolte...
On raconte que Nathalie Le Mel, armée d'un revolver, dirige des jeunes femmes, toutes armées de fusil et portant des brassards d'ambulancières. Entre les escarmouches, elles distribuent du pain et pansent les blessures des belligérants quelque soit leur camp!... Par ailleurs, c'est encore Nathalie Le Mel qui, les travaux de retranchements terminés, a planté un drapeau rouge au sommet de la barricade...
Lors de l'ultime assaut par les Versaillais le 23 mai, pour l'enlèvement de la barricade, les combats acharnés durent environ quatre heures avant que les survivantes se replient sur la barricade de la place Pigalle. On dénombre une trentaine de cadavres "étendus sanglants sur le trottoir"...Blanche, elle a rejoint la barricade de son quartier et y trouve la mort... Louise Michel se rend le 24 mai aux Versaillais, après avoir appris que sa mère a été arrêtée à sa place. Internée à Satory, près de Versailles, elle est témoin des exécutions de ses compagnons et revendique le même sort : "...j'appartiens à la révolution sociale et je déclare accepter la responsabilité de tous mes actes. Puisqu'il semble que tout coeur qui bat pour la liberté n'a droit qu'à un peu de plomb, j'en réclame ma part!..", Elle est condamnée à la déportation en Nouvelle-Calédonie. Elle y poursuit son combat en défendant les Kanaks contre leur disparition par la colonisation et fonde des écoles. Amnistiée en 1880, elle continue à militer dans le mouvement anarchiste, elle meurt le 10 janvier 1905 à Marseille et est inhumée au cimetière de Levallois. Ses funérailles à Paris furent grandioses...

Suivons la trace des rescapées de la barricade ...
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en empruntant la promenade boisée en direction de la place Pigalle, qui longe en son milieu le boulevard de Clichy, et admirons quelques jolies façades d'architecture post haussmanienne.




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Au numéro 64, combien sont ils?

Bonus

qui en fut l'initiateur (regardes autour de toi tu trouveras un indice)





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FBF-21/07/2015A la fin des années 40 aucun lieu dans Paris n'est prévu pour permettre à de jeunes talents, le plus souvent inconnus, de se produire facilement en public. D'un vieux dancing, une salle de spectacle "les trois Baudets" est créée sous l'impulsion de Jacques Canetti, de son vrai nom Nissim Jacques Canetti (1909-1997), directeur artistique et producteur musical chez Polydor et Philips. C'est alors dans cette salle que de nombreux artistes se produisent tous les soirs pendant 2, 3 voire 4 ans, qu'ils aient ou non du succès. C'est là que naît une nouvelle génération de chanteurs : les auteurs-compositeurs-interprêtes, dont certains vont y démarrer leur prestigieuse carrière : Georges Brassens, Jacques Brel, Boris Vian, Guy Béart, Juliette Gréco...Henri Salvador, Pierre Perret ou Boby Lapointe et bien d'autres encore...



Nous venons d' atteindre la place Pigalle.
Comme sa consoeur la place Blanche, elle a cette forme arrondie typique des vestiges du mur des Fermiers Généraux. Elle tient son nom du sculpteur Jean-Baptiste Pigalle (1714-1785), protégé de madame de Pompadour, qui eut la chance de se voir offrir en 1753 la grande commande, qui devait donner lieu à son oeuvre la plus fameuse : le monument du Maréchal de Saxe terminée en 1776 et qui emplit le fond du temple Saint-Thomas à Strasbourg.
A la fin du XIXème siècle, la place et les rues alentours étaient, avant d'être un lieu très touristique et un quartier "chaud", un quartier d'ateliers de peintres et de cafés littéraires, dont le plus réputé fut "la Nouvelle Athènes", qui siégeait au numéro 9 de la place. occupé maintenant par les"Folies Pigalle".
De 1871 à la fin du XXème siècle, Il est le lieu de rencontre des artistes peintres. Il est très marqué par le mouvement
impressionniste, on y rencontre alors, Manet, Degas, Suzanne Valadon...Il servi de décor à plusieurs tableaux célèbres, comme "l'absinthe" de Degas, et "la prune" de Manet.  Il tient son nom du quartier du IXème arrondissement, qui s'étend au delà de la place, à l'architecture néo-classique inspirée de l'art grec,

Cette place a inspiré une chanson célèbre :
"un p'tit jet d'eau, une station de métro, entouré de bistrots, Pigalle...".

Et la fontaine est toujours là!
FBF-09/09/2015

Cette place sert très souvent de décor pour le 7ème Art : "Bob le flambeur de J.P. Melville, "Zazie dans le métro" de L. Malle, "Les Ripoux" de C. Zidi...
Et pour les inconditionnels du Monopoly (version française) :

Quels sont les lieux associés à cette place (2 réponses attendues) :


  • Boulevard des Capucines
  • Boulevard Saint-Michel;
  • Avenue des Champs Elysées;
  • Rue de la Paix;
  • Avenue Mozart;
  • Avenue Henri-Martin;
  • Rue la Fayette.
Bonus
De quelle couleur est la série?


Si le boulevard des Capucines, associé à l'avenue Foch et à  l'avenue de Breteuil, se caractèrise par la couleur verte, l'avenue des Champs Elysées, quant à elle, est associée à la rue de la Paix. L'avenue Henri-Martin  avec sa couleur rouge s'allie au boulevard Malesherbes et à l'avenue de Matignon. Rue la Fayette tout naturellement a rejoint la place de la Bourse et le faubourg Saint-Honoré dans une belle couleur jaune. La place Pigalle enfin s'est accoquinée au boulevard Saint-Michel et à l'avenue Mozart autour de la couleur orange.

Après cette intermède ludique...

Cherches, à partir de la charade suivante, la rue que nous allons maintenant emprunter :


  • Mon premier est un arbuste persistant, très décoratif avec ses baies rouges et son feuillage vernissé;
  • Mon second est le moyen par lequel un individu se dépouille d'un bien, sans contrepartie. C'est également, en parlant des facultés d'une personne, le talent remarquable, voire exceptionnel.
  • Mon tout est le nom d'un sculpteur français.


Bien connu pour ses oeuvres réalistes, nommé souvent "le sculpteur des Lumières", habile non seulement dans le travail du marbre mais également en façonnant l'argile, le plâtre, le bronze et la terre cuite, il est surtout reconnu  pour la beauté des yeux de ses portraits (Catherine II de Russie, Voltaire, Diderot, Rousseau...) ce qui fait dire à Melchior Grimm, frappé par le jeu de la lumière et l'expressivité des regards, "...Houdon était peut être le premier qui ait su modeler les yeux...". Jean- Antoine de son prénom,  né à Versailles le 25 mars 1741 et  mort à Paris le 15 juillet 1828, fut prix de Rome à l'âge de 20 ans!

Empruntons maintenant la rue qui porte son nom et revenons quelques instants sur les évènements de ce printemps 1871. 


A la fin de l'été précédent, l'armée française a été vaincue à Sedan et Napoléon III, alors prisonnier, a été contraint de capituler. Le 4 septembre 1870, la IIIème République est proclamée. Mais, la guerre continue. Paris est assiégé par l'armée prussienne et la population subit une grande famine au cours de l'hiver.
Jules Fabre, alors Ministre des affaires étrangères, signe un armistice avec Bismarck, qui prévoit d'une part la fin des hostilités pour une période de quinze jours renouvelables et d'autre part la convocation d'une Assemblée nationale, chargée de décider de la poursuite ou non de la guerre. Les élections ont lieu le 8 février et envoient une forte proportion de monarchistes à l'Assemblée. Tous les élus de Paris sont alors des républicains souvent extrémistes. Le gouvernement quitte Bordeaux, où il s'est installé à l'automne 1870, afin de fuir les révoltes parisiennes et  rejoint Versailles, ville symbole de la Monarchie Absolue, le 10 mars, sous le contrôle des Prussiens...
Depuis le 17 février, le chef du pouvoir exécutif est Adolphe Thiers qui cherche à conclure un traité de paix avec la Prusse. Mais, les Parisiens, qui ont supporté un siège très dur, veulent protéger Paris et ouvrir une nouvelle ère politique et sociale. C'est alors un" bras de fer" entre les royalistes, grands bourgeois et conservateurs provinciaux, favorables à la paix avec l'Empire allemand, qui vient d'être proclamé il y a à peine un mois, le 18 janvier, dans la galerie des Glaces du château de Versailles et la population parisienne, essentiellement celle des quartiers de l'est parisien soumise aux dures conditions salariales et sociales et particulièrement touchée par la famine due au siège de Paris.
Le 10 mars, l'Assemblée décide la suppression du moratoire des effets de commerce, des loyers et des dettes, qui deviennent dès lors exigibles. De nombreux ouvriers, artisans et commerçants se voient menacés de faillite ou de poursuites judiciaires. Parallèlement cette dernière supprime la solde quotidienne de 1,50 franc des soldats de la Garde nationale (milice de citoyens créée sous la Révolution afin de maintenir l'ordre dans la capitale), privant ainsi une partie des classes pauvres de Paris d'une source de revenus.
Ceci rappelle aux plus anciens, la politique menée au printemps 1848 par le partie de l'Ordre dont l'un de ses leaders n' était autre que Thiers!...La coupe va débordée lorsque le gouvernement décide de s'emparer des canons entreposés à différents endroits de Paris, dont à Belleville et à Montmartre.
Tôt dans la matinée du 18 mars, deux brigades de soldats montent à l'assaut de la butte de Montmartre, afin de s'emparer des canons...Un petit groupe de gardes nationaux révolutionnaires sont déjà là, une fusillade éclate se faisant entendre rapidement, ce qui réveille les habitants, qui affluent de toute part. Ces derniers considèrent les canons comme leur propriété et leur moyen de défense contre d'éventuelles attaques des troupes gouvernementales, il est donc hors de question que quiconque s'en empare! Ailleurs, dans Paris l'armée  a réussi de s'emparer les canons des différents points stratégiques : Belleville, les Buttes-Chaumont... mais une foule continue de croître et la situation est de plus en plus tendue à Montmartre... les soldats entourés par la foule ont commencé à rompre les rang, comme le 88ème de ligne, et à se joindre à la foule...
C'est ce qui se passe dans cette rue, où stationnent les troupes versaillaises, lorsqu'un officier est abattu après avoir blessé un soldat qui refuse de tirer sur la foule...
Sous la pression populaire, les troupes se retirent et le Comité Central de la Garde nationale s'installe à l'Hotel de Ville, la Commune de Paris vient de naître...Elle sera légitimée par les élections du 26 mars 1871 et agit comme un gouvernement. Un certain nombre de mesure à caractère social sont prises : abolition du travail de nuit pour les ouvriers boulangers,  adoption de la journée de 10 heures...Dans le domaine de l'enseignement, la Commune agit avec vigueur, avec la mise en place d'une oeuvre essentiellement laïque, obligatoire et gratuite. Les municipalités sont invitées à créer des écoles pour jeunes filles...
Mais l'effort de la Commune est absorbé rapidement par le combat contre les troupes de Thiers, regroupées au camp de Satory et renforcées par les soldats et officiers de l'armée de Mac Mahon libérés par les Prussiens,  soit environ un total de 130 000 hommes. Devant la menace, la Commune décide de créer un Comité de Salut Public, mais réussit à mobiliser que 20 à 30 000 hommes. A cette infériorité numérique, il faut ajouter l'incompétence des délégués à la Guerre, l'indiscipline et les dissensions au sein des membres. Les versaillais resserrent leur pression, s'emparent des forts d'Issy, le 9 mai, et de Vanves, le 13 mai.  Le 21 mai, les troupes versaillaises pénètrent dans Paris par la porte de Saint Cloud, très vite la Capitale se remplit de barricades, afin de se défendre quartier par quartier...

Avant de s'engager dans la rue Piemontesi, sur le trottoir de droite, nous pouvons apercevoir  le numéro 18, c'est à cet endroit que se situait le grand atelier qu'occupe Pierre Auguste Renoir de 1883 à 1886.  Le 21 mars 1885, sa compagne Aline Charcot donne naissance à leur fils Pierre, qui s'illustrera plus tard comme acteur.
Au bout de la rue, dans une maison qui n'existe plus, au numéro 24, Louise Michel depuis 1865 dirige
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un externat  de jeunes filles et y habite pendant la Commune. Ceci lui permet d'accéder rapidement aux différents barricades qui se sont érigées dans le quartier.






La rue Piemontesi  se prolonge par la rue André Antoine, dont la particularité est sa forme en Y. L'une de ses branches supérieures se termine en impasse, où domine un bel exemple d'hôtel particulier.

L'autre branche se termine par un escalier... 


bien plus pittoresques que le funiculaire, les escaliers de Montmartre, que l'on aperçoit très souvent dans les films ayant Paris comme toile de fond, car très photogéniques, caractérisent au même titre que la Tour Eiffel le style parisien. Souvent ponctués de jolis réverbères à chaque pallier, ils comportent de nombreuses marches, souvent très raides, c'est le charme de la butte...

Après avoir gravi ce dernier, observons une dernière fois la rue André-Antoine... Il est rare, ce qui montre la calme de la rue, de voir un restaurateur installer ses tables au milieu de la chaussée!...
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Nous venons d'atteindre la rue des Abbesses, sur notre droite s'étend la place du même nom.


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A ton avis pourquoi ce nom "Abbesses"?
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Historiquement l'ancien territoire de la commune de Montmartre comprend la partie ouest de XVIII ème arrondissement, la partie nord du IX ème arrondissement ainsi que le quartier des Batignoles, couvrant ce que fut l'abbaye Royale des Dames de Montmartre de 1134 à 1790, abbaye bénédictine fondée par Louis VI le gros. C'est en hommage aux 46 abbesses, qui s'y succédèrent, que furent baptisées la place et la rue de ce quartier. La première fut Adélaïde de Savoie, Reine de France et femme de Louis VI, la dernière Marie Louise de Montmorency-Laval.  Bien que sourde et  aveugle, elle fut condamnée par Fouquier-Tinville et guillotinée en 1794. Evacuée en 1792 sur l'ordre de Billaud-Varennes, l'abbaye est vendue comme bien national en 1794... 

Dirigeons nous vers le square attenant à la place.

A cet endroit se tient à partir de 1837 la mairie de l'ancienne commune de  Montmartre avant de devenir en 1860, celle du XVIIIème arrondissement. C'est dans cette mairie, qu'est célébré le 11 août 1870 le mariage de Verlaine avec Mathilde Mauté. Georges Clemenceau, alors jeune médecin républicain, y fait ses premières armes en tant que maire, dès le 4 septembre 1870.
A partir du 23 mai 1871, lorsque Montmartre est reprise par les troupes de Thiers, la mairie abrite en ses murs la cour de justice, qui envoie les communards dans diverses prisons, ou devant le peloton d'exécution...
Les services municipaux sont déplacés place Jules-Joffrin en 1892.
En hommage au poète-chansonnier Gabriel Randon de Saint-Armand (1867-1933) dit Jehan-Rictus, est créé en 1936 ce square qui abrite cerisiers et autres arbres fruitiers, lauriers et érables sycomores, roses anciennes et plantes médicinales...

Qu'abrite depuis 2000 ce square, et qui attire tant de visiteurs?




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Assavakkit, Au domoni iko, Volim te, I love you, Ich liebe dich... Jehan-Rictus, ce poète de la gouaille des Parigots, aurait été sûrement ravi de se voir dédier ce lieu avec un mur couvert du plus simple et du plus beau mot du monde : "Je t'aime" dans toutes les langues. Dans un monde marqué par la violence, dominé par l'individualisme, les murs,  utilisés comme frontières, sont là pour diviser, séparer les peuples... Le mur des je t'aime est au contraire un trait d'union, un lieu de réconciliation, le symbole de l'Amour et de la Paix. Imaginé par Frédéric Baron et Claire Kito, il est devenu le lieu de rendez-vous de tous les amoureux du monde entier. Sur une surface de 40 m2 constituée de 612 carreaux de lave émaillée fleurissent 311 "je t'aime" en 250 langues et dialectes.


Bonus
Si l'on réunit les éclats de couleur rouge qu'obtient-on?




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Ces éclats de couleur, comme des morceaux d'un coeur brisé, sont celui de l'Humanité déchirée par la guerre, l'incompréhension, le racisme... ce mur a pour but de rassembler. Il a vraiment sa place en ce lieu marqué par des épisodes tragiques de notre histoire...






En ressortant de ce square nous avons face à nous l'église Saint-Jean de Montmartre, qui est inscrite au titre des monuments historiques depuis le 15 mars 1966, non comme vestige de l'abbaye, mais pour son architecture inspirée de l'Art nouveau.

A ton avis  quels sont les matériaux qui ont permis sa construction?
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FBF-21/07/2015C'est la première fois que le béton armé apparaît au grand jour dans l'art sacré. Cette église construite entre 1894 et 1904 est revêtue de briques et de céramiques. L'utilisation par l'architecte Anatole de Baudot, disciple de Viollet-le Duc et Henri Labrouste, du béton armé à la fois comme mur porteur que comme cloison, provoque une réprobation générale prédisant un effondrement prochain... Ce qui fera écrire au R.P Régamey, codirecteur de la revue l'Art Sacré en 1952 : "...Et la première église en béton, Saint-Jean de Montmartre, formes agressives et veules, selon l'esthétique du fer de cette époque : une de ces églises que Claudel qualifie si bien de hagarde!...". Malgré tout, elle ouvre la voie aux travaux des frères Perret et de Le Corbusier et, avec Saint-Louis de Vincennes, constitue un rare exemple d'église innovante conçue avant la Première Guerre Mondiale. 
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Reprenons le cours de notre promenade et poursuivons dans la rue des Abbesses, qui le 23 mai 1871, alors que les barricades de la place Blanche et de Pigalle viennent de tomber, est le théâtre de l'exécution à la baïonnette des communards tombés aux mains des Versaillais, qui remontent la rue en
FBF-09/09/2015direction de la barricade de la rue Lepic, tenue encore par une vingtaine de fédérés, majoritairement des femmes, dont l'une d'elle debout sur la barricade, impressionne fort les témoins de l'époque, un drapeau rouge dans une main et tirant au revolver de l'autre. Lors de la prise de la barricade  tous les survivants sont abattus, sans autre forme de procès! A la hauteur du 48...

FBF09/09/2015

Montons à l'assaut de la butte par la rue Lepic...

Au numéro 54 de la rue,qui a vécu à cet endroit?

Bonus
Au numéro 56, dans quel domaine la maison Vandoren intervient?

FBF-09/09/2015FBF-09/09/2015



C'est au 4ème étage de l'immeuble que Vincent Van Gogh, Théo et sa femme Johanna ont vécu de 1886 à 1888. C'est ici qu'il peint sa série des toits de Paris.














Le clarinettiste Eugène Van Doren (1873-1940) fonde en 1905 l'entreprise Vandoren, qui est une référence mondiale, depuis plus d'un siècle, dans le domaine de la musique.   Nous sommes devant le siège social et les studios d'essai pour les musiciens. 

Les ateliers de fabrication d'anches et de becs pour clarinettes et saxophones sont à Bormes-les-mimosas dans le Var. La production est distribuée dans une centaine de pays.

Au numéro 62 que nous indique la plaque apposée sur la façade de l'école élémentaire?





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Comme sur les façades de toutes les écoles du XVIIIème arrondissement, cette plaque rappelle au passant que plus de 700 enfants juifs, sur les 11 400 exterminés dans les camps de la mort, étaient originaires de cet arrondissement.


A quel numéro de la rue, vécut jusqu'à sa mort Pierre Jacob?(Tu trouveras un indice sur la façade d'un immeuble)


Bonus

Il est l'auteur de quelle chanson célèbre?





C'est également à cet endroit que Jean Baptiste Clément, auteur de la fameuse chanson "Le temps des cerises" s'installe pendant un an à son retour d'exil en 1885.
Pierre Jacob, poète et chansonnier, comme l'indique la plaque au numéro 53 de la rue Lepic, est l'auteur de la célèbre chanson "rue Lepic" chantée par Yves Montand. 



Si vous n'êtes pas trop fatigué, poursuivons notre ascension jusqu'à la hauteur de la rue Tholozé. Engageons nous pour quelques instant dans cette rue pour pouvoir découvrir un des derniers moulins de Montmartre : le Blute-Fin.
Au XVIIIème siècle, Montmartre était couronné de moulins à vent, une quinzaine agitaient leurs ailes au milieu des vignes. Ils ne servaient pas uniquement à moudre du blé, mais à presser les vendanges ou concasser des matériaux nécessaires aux manufactures, ils étaient également le but de promenade dominicale pour les parisiens.
Deux seuls subsistent aujourd'hui : le moulin Radet et le Blute-Fin,
Le Blute-Fin, doit son nom au verbe "bluter" qui signifie tamiser la farine pour la séparer du son.
En 1870, Nicolas-Charles Debray, son propriétaire y ajoute une guinguette et un bal, le tout prend le nom de "Moulin de la Galette" en 1895.
La galette était un petit pain de seigle que les meuniers Debray débitaient, accompagnée d'un verre de lait, aux amateurs de pittoresque. 
En 1830, le lait se transforme en vin et le moulin en cabaret, prenant le nom de "Bal Debray". Le succès est immédiat et la clientèle populaire.
Nombre de peintres immortalisent alors le "Moulin de la Galette" : Auguste Renoir, Vincent Van Gogh, Henri de Toulouse-Lautrec, Pablo Picasso, Maurice Utrillo...

Que s'est il passé dans ce moulin, le 30 mars 1814?

FBF--09/12/2014




Le 30 mars 1814, lors du siège de Paris, l'armée impériale russe est aux environs de Paris, pas très loin d'ici, à la hauteur de l'actuelle porte de Pantin.
Le maréchal Marmont, responsable de la défense de Paris, entame des pourparlers pour un armistice. Celui-ci est signé le 31 et les troupes françaises se replient vers le sud de la capitale. La butte Montmartre n'est alors plus défendue. De nombreux montmartrois fuient, mais il reste un noyau d'irréductibles parmi lesquels la famille Debray, propriétaires de deux moulins : Le Blute-Fin et le moulin Radet. Ils décident de tenir tête aux envahisseurs,  qui se préparent à envahir l'ilôt de résistance. Ils les accueillent par un tir de boulet, tiré par l'aîné des Debray, qui tuent plusieurs assaillants. L'officier russe, qui commande le détachement, demande que celui qui a tiré se livre. Pour toute réponse, Debray fait feu sur l'officier qui s'écroule, et Debray est abattu. Son fils, Nicolas-Charles Debray, qui était à ses côtés, est transpercé par une lance...Il survivra, c'est lui qui sous la Restauration transformera le moulin en guinguette.

Le 23 mai 1871, les derniers survivants des barricades de la rue Lepic sont fusillés sur le terre-plein du moulin de la Galette.

Le moulin Radet, que vous découvrez en continuant rue Lepic, se trouve mentionné pour la première fois en 1717.
En 1830, il est utilisé pour écraser des oignons et des épices destinés à la parfumerie.
En 1915, menacée de démolition il est sauvé par la mobilisation des parisiens. Son propriétaire, Pierre-Auguste Debray (le descendant du supplicié du 30 mars 1814) l'offre à la société du Vieux-Montmartre sous condition qu'il soit transféré à un autre endroit. Le moulin-pivot en bois est alors installé en ce lieu...










Poursuivons notre chemin.

Au numéro 106, à quel roman fantastique fait allusion la boutique?







Quel lien avec Gaston Leroux me diriez vous? tout simplement, la propriétaire des lieux est l'arrière petite fille de l'auteur : Le mystère de la chambre jaune, le parfum de la dame en noire, Routabille chez le tzar, celà vous rappelle t'il quelque chose?...et le fantôme de l'Opéra, publié en 1910, inspiré des rumeurs qui ont couru sur de soi-disant mystères provenant des dédales souterrains de l'Opéra Garnier dans la deuxième moitié du XIXème siècle et de l'incendie, très réel celui-là du Bazar de la Charité le 4 mai 1897. 

FBF-09/09/2015

A côté nous découvrons, au numéro 110, la dernière demeure de Jean Baptiste Clément. 
Lors de la Commune, il habitait cité du Midi, à quelques pas de la place Blanche. Elu au comité central de la Commune par le XVIIIème arrondissement, il est responsable des ateliers de fabrication de munitions et se bat jusqu'au bout sur une des dernières barricades, installée rue Fontaine-au-Roi. Il n'est pas pris, mais est condamné à mort par contumace. Amnistié en 1879, il revient à Paris en 1880. La belle mélodie, composée en 1867 en Belgique, n'est alors qu'une chanson d'amour. C'est en 1882, en ajoutant le dernier couplet :
"...J'aimerai toujours le temps des cerises
c'est de ce temps là que je garde au coeur 
une plaie ouverte
Et Dame fortune, en m'étant offerte
ne saura jamais calmer ma douleur
j'aimerai toujours le temps des cerises
Et le souvenir que je garde au coeur."
qu'il dédie sa chanson à une infirmière disparue lors de la semaine sanglante " A la vaillante citoyenne Louise, l'ambulancière de la rue Fontaine-au-Roi, le dimanche 28 mai 1871" A la fin des paroles, il explicite cette dédicace :
FBF-21/07/2015" Puisque cette chanson a couru les rues, j'ai tenu à la dédier, à titre de souvenir et de sympathie à une vaillante fille qui elle aussi a couru les rues une époque où il fallait un grand dévouement et un fier courage! Le fait suivant est de ceux qu'on oublie jamais : Le dimanche 28 mai 1871 (...) Entre onze heures et midi, nous vîmes venir à nous une jeune fille de vingt à vingt-deux ans qui tenait un panier à la main (...) Malgré notre refus motivé de la garder avec nous, elle insista et ne voulut pas nous quitter. Du reste, cinq minutes plus tard, elle nous était utile, deux de nos camarades tombaient, frappés, l'un d'une balle dans l'épaule, l'autre au milieu du front... Nous sûmes seulement qu'elle s'appelait Louise et qu'elle était ouvrière. Naturellement, elle devait être avec les révoltés et les las-de-vivre. Qu'est-elle devenue? A-t-elle été, avec tant d'autres, fusillée par les Versaillais? N'était-ce pas à cette héroïne obscure que je devais dédier la chanson la plus populaire...?" 

Malgré la popularité de la chanson, elle ne lui rapporta que quatorze francs!

Rien de plus naturel que la charmante place de forme triangulaire, qui s'étend à côté, porte son nom!

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Dominant la place nous découvrons derrière une grille la fontaine de l'ancien Réservoir.
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Qu'abrite maintenant ce lieu? (observes bien les alentours tu trouvreras un indice) 




La fontaine de l'ancien  réservoir fait partie du premier château d'eau de Montmartre. C'est en 1835, qu'une tour octogonale servant de château d'eau fut édifiée près d'un rendez-vous de chasse ayant prétendument appartenu à Catherine de Médicis.
Il fut surélevé en 1865, pour pallier les difficultés d'approvisionnement en eau de l'ancien village de Montmartre en raison de son relief et son altitude. Son style Renaissance est du à un certain Titeux de Fresnay.

A la fin du XIXème siècle les cuves du château d'eau sont désaffectées après la construction des réservoirs du Sacré Coeur, qui surplombent ce dernier à quelques pas d'ici. Elles abritent depuis le siège de la Commanderie du clos Montmartre association Loi 1901, réunissant les amoureux du vin de Paris.



Au numéro 22-22 bis de la rue Norvins, à l'arrière de la fontaine de l'ancien réservoir, se dresse la foilie Sandrin. Cette maison de campagne fut construite par sieur Sandrin en 1774 sur un terrain d'un arpent et demi, soit un plus 6000m2.
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La maison est vendue en 1795 à un marchand de vin, puis revendue quelques années plus tard à un certain docteur Prost qui la transforme en clinique pour traiter les malades mentaux. Disciple du docteur Philippe Pinel, il y expérimente des traitements novateurs suivant le principe que "le traitement moral est quelquefois plus efficace que les secours de l'art. Il faut être par caractère disposé à cette douce bienvaillance, qui ne se démentant jamais, inspire et fixe la confiance du malade et l'amène à faire sans effort ce qui convient à son état". Son succès lui amène une clientèle d'écrivains et d'artistes. La clinique est reprise en 1820 par Esprit Blanche, plus connut sous le nom de docteur Blanche. Il y fait mener à ses pensionnaires une paisible vie de famille. En 1841 il y reçoit Gérard de Nerval qui décrit son séjour : "Il a commencé pour moi ce que j'appellerai l'épanchement du songe dans la vie réelle..."

Empruntons la rue Norvins en direction de la place du Tertre.
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Au numéro 2 bis, se trouve l'emplacement des culs de basse-fosse de la prison des abbesses. En effet, les Bénédictines avaient le droit de basse, moyenne et haute justice depuis 1133. Leur échelle de justice, comportant potence et carcan, se trouvait place du Tertre. La dernière pendaison eut lieu le 28 juin 1775.
FBF-09/12/2014
En 1870, la place est transformée en parc d'artillerie durant la guerre franco-prussienne, face à l'ennemi prussien qui est proche. C'est là que tout a commencé le 18 mars 1871, lorsque le général Thomas tente de prendre les 171 canons entreposés en ce lieu...



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Nous sommes arrivés au terme de la première étape. Retrouvons nous prochainement pour la suite de la découverte de Montmartre sous la Commune : De la place du Tertre à la place Anvers...





En attendant allez vous restaurez dans l'une des enseignes qui bordent cette place, ou vous faire caricaturer ou"croquer" par l'un des artistes, afin de garder un souvenir de cette promenade.


A bientôt!




Les Merlettes 

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